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Le congrès de l’Association française de sémiotique (AFS) s’inscrit dans un mouvement de réflexions interdisciplinaires sur notre rapport à l’environnement et aux êtres qui le composent, dans un contexte de crise écologique. En s’attachant aux effets de sens du vivant, il cherchera notamment à dialoguer avec l’anthropologie, la philosophie, les arts et les sciences de la vie, en développant une approche alternative et complémentaire à ces champs : traiter de la vie comme d’un effet de sens permet en effet non seulement de renouer le lien avec une phénoménologie du vivant, mais aussi et surtout d’interroger cet effet de sens sans aucun apriori concernant ce qui est de l’ordre du vivant et ce qui n'en est pas en se concentrant sur la manifestation de l’animation, de la subjectivité. C'est alors la construction de la signification, à partir de l'effet de sens, qui dégagera des propriétés sémiotiques de ce qui se donne à saisir comme vivant, et, en retour, permettra d'interroger à nouveaux frais les classifications ontologiques. Dans l’espace interdisciplinaire qui se consacre aujourd’hui au vivant, cette approche originale permet à la sémiotique d’assumer une place conforme à son projet historique centré sur l’étude des langages et les méthodes de la signification, mais surtout d’y affirmer son identité. Il s’agit d’interroger les langages, dans toute leur variété, de faire le lien entre les pratiques et les textes, pour se demander comment est produit l’effet de vivant. La sémiotique greimassienne n’avait pas exclus la vie de son organon et la considère comme le terme positif d’une catégorie vie/mort. Les multiples degrés à parcourir sur cet axe vie/mort constitueraient alors pour Greimas une sémiotique de l’existence. La mise en cause de l’opposition nature/culture a cependant fait émerger une nouvelle terminologie, le couple humain/non humain, terme neutre mais toujours anthropocentré, puis les termes biodiversité, milieux ou environnement qui décrivent les zones critiques dans lesquelles se mêlent existences humaines et non xhumaines. Plus récemment, « le vivant » se présente comme un terme neutre, moins anthropocentré que non humain, moins dualiste que nature. Ce terme introduit toutefois une nuance supplémentaire, héritée de l’opposition vie/mort, le souffle de la vie qui circonscrit le monde aux existants animés par exclusion des minéraux. C’est ce souffle caractéristique, et sa construction par les langages sous la forme d’un effet de sens, qui retiennent notre attention aujourd’hui. En effet, tous les langages (verbaux, plastiques, etc.), suivant les possibilités de leurs supports, s’efforcent, par divers procédés rhétoriques, à l’instabilité, au mouvement, à l’animation, pour produire ce qu’il convient d’appeler un effet de vivant. Pour le décrire, la sémiotique a mobilisé des catégories apparentées : présence/existence, existence/expérience et plus récemment, le terme d’agence qui introduit l’idée que les objets, initialement les objets artistiques, sont capables d’action. Le congrès de l’AFS entend rendre compte du tournant épistémologique du vivant en considérant la vie comme un effet de sens. Nous nous efforcerons de préciser le déplacement sémantique et anthropologique du vivant à partir de la catégorie /nature vs culture/ en interrogeant tous les concepts apparentés, et examinerons les langages, dans toute leur diversité, pour nous demander comment est produit l’effet de vivant.

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